μισέω, miséô < l i s t e n >J’ai levé les yeux vers le ciel
Et la terre m’a appelé
Dans un reflet nuageux
J’aurai aimé dormir
Mais le repos
Le repos il n’est pas pour ceux
Qui ont trichés
——
Hainee
Ton nom n’est qu’un son.
Et le monde
Un vide sans fond.
——
On ne veut pas détester les gens qu’on aime
Ni être déçus par eux
Quand ils sont peut-être la cause de notre malheur
Il arrive parfois que par dépit, on choisisse une autre cible
Et pour être sûr que rien n’écarte notre regard de cet ennemi si désirable On se fonds dans des formules amères qui deviennent comme des sortilèges
La clé de voute de notre soutient moral
La seule raison valable
De ne pas sombrer dans l’abime du désespoir.
——
Cric.
Cric.
Cric.
Cric.
Cric.
Cric.
Sous le vent chaud, et le bruit de la poussière qui fait rouler les pierres, une autre rumeur. Celle d’un murmure régulier, qui pianote la mélodie du temps, à a-coup singuliers, d’un outil non identifié.
Ce sont des mains pleines d’un cambouis à moitié séché qui s’activent sur une clefs à molettes. Trois tour dans un sens, et le retour au silence. Il faut retourner l’outil à nouveau pour continuer la diatribe mécanique.
Hainee est installée sur un tabouret en bois bancal, l’une de ses jambes surélevée par la barre latérale qui maintient ses quatre pieds. Des renforts, contre la misère. Il fait chaud aujourd’hui, loin de la mer. Il n’y a que ce souffle ardent, qui rappelle que où que vous alliez dans ce périmètre maudit, l’air sera vicié, d’une intense lourdeur.
Elle est vêtue de sa brassière noire aux larges bretelles, et de son pantalon de travail, d’un tissu qui fut peut-être noir. L’âcre du paysage s’est fondu sur ses vêtements : ils ont pris la couleur du sable, la couleur de ce foutu temps.
Elle est absorbée tandis que d’épaisses gouttes de sueur perlent de son front, naissent au dessus de sa bouche. Elle bénie sa nature minérale ; qui lui offre l’immunité contre cette folle chaleur. A bien y songer ; Ce n’est pas de la sueur. C’est de la condensation. L’effort fait remonter à la surface de son corps si étrange les éléments chimiques qui ont donné naissance à l’organisme bancal.
Ou alors est-ce de l’huile, éparpillée au travail.
Mais personne n’est là pour s’en soucier, pas même elle. Sur la table à son coté, cet établi collé par des tonneaux vides et constitué d’une large planche de bois fine, est installé un ensemble de pièce disposées, vraisemblablement, dans un ordre bien précis. Une silhouette se dessine entre les boulons, vis, cartouches de férailles. La silhouette d’un dessin maladroitement tracé au crayon gras, sur une feuille de papier froissé à l’angle droit de la tablée. Un plan de montage, où des traits indiquent des mesures, où des schémas témoignent du tâtonnement.
Mais cette fois-ci sera la bonne, elle le sait. Elle le sent. Et surtout, elle le veut, Absolument.
Se fabriquer une mitraillette. Quelle idée. Et quelles munitions ? À quoi bon ?
Mais l’adolescente persévère. Car à son âge si peu avancé, une centaine d’année, qu’est-ce que c’est ? On se permet encore l’effrontement et l’absence de doute.
Changeras-tu, Hainee, quand tu vieilliras davantage ? Mais combien de temps, déjà, te restes-t-il encore ? C’est bien pour éviter ces pensées néfastes que son corps tout entier se tue à la tâche.
L’on dit de nous que l’on se meurt un peu la nuit
Et pourtant Haine a l’impression que sa déliquescence n’a rien à avoir avec les astres
Son propre corps est un charbon ardent
qui n’émet aucune lumière.
— —
Je m’en fout. Je m’en fout ! Je m’en fout !
Tu peux tout me prendre
m’arracher les membres
Moi mon corps n’est qu’une enveloppe élémentaire
Moi mon corps n’est qu’un tombeau
Où repose déjà mon âme, éveillée pour toujours
Je m’en fout ! Je m’en fout !
Tu peux lutter, gémir, pleurer
Tu peux justifier les crimes, de votre humanité
Moi mon corps n’est qu’une enveloppe délétère
Elle se désagrège et me rappelle l’ecceuil de ma propre existence
Je m’en fout ! Je m’en fout !
Je n’essayerai pas de raisonner le tonnerre qui gronde et m’indique
que vous êtes coupables, quand bien même on m’a dit
Moi mon corps n’est qu’un tombeau
Une enclume
et j’y goutte le sable
pour une durée qui me semble
pire que l’éternité. — —
Une vitre qui s’explose
pour effacer ton vilain reflet
Il n’y a que ton œil qui n’est plus un œil
ton cœur à cet emplacement ridicule
comme pour t’exposer au monde, divulguer aux Démons
« Son origine est ici, et elle est pourrie »
L’excroissance semble parler parfois
quand tu entends l’amalgama brillant qui s’effrite, se terni
Quand tu étais plus jeune
tu crois que tu en as pleuré
mais tu ne sais pas si tu le pouvais vraiment
Tout cela te semble
si loin maintenant
Si loin depuis que la léthargie meurtrière t’a retiré tes chaines
le jour où tu as compris
tu avais 24 ans
l’unique solution, c’était de rejoindre ces vaillants
Nemos
Eux qui avaient compris depuis bien longtemps
La cause de tes tourments
— —
Un feu crépite dans l’alcôve Terre
grossière
Cet endroit maudit est encore sacré
car tu n’es pas née
Tu ne l’as pas salis
de tes sentiments furieux
de ta rage douloureuse
Si loin, encore
le refus, l’entêtement
Si loin, encore
le trop plein
bain de sang
Un feu crépite dans l’alcôve Mère,
et sont rassemblés en petit cercle des gens de ton espèce
Leur regard est méticuleux ; affairé, précis ((précieux))
Ils savent, qu’ils n’ont pas beaucoup de chance
que la volonté de leurs Dieux n’est pas avec eux.
Ils savent, le risque
Alors c’est une douleur
pas de celles qui sont physiques
mais qui nourri la peur
Est amoncelé un tas de cailloux,
qui luisent, d’une beauté effarante, sous les feux empiriques
Autant de joyaux, de préciosité, si finement gardés
Il y a longtemps qu’on commencé les travaux pour te donner naissance
Car chaque être de votre espèce demande investissement
et la situation est grave, depuis tant d’années
et la provenance est lointaine, inaccessible, contre toute volonté
alors l’offrande est lourde, au regard du risque annoncé
Que faire si tu te meurs ? Tout serait gâché
Que faire si tu meurs ?
Il est temps.
Alors débute ce rituel sans fin, ce piège évident
Des chants ou des supplications, tu ne sais pas vraiment
ce qui atteint tes oreilles nouvelles-nées ce jour-là
Mais tu te souviens très précisément
de cette toute première sensation
de ce poids particulier
Héphaïstos,
pourquoi as-tu donc choisi,
de m’ignorer ?
— —
C’était il y a longtemps.
((et encore hier pour ton artisan))
Tu ne te rappelles pas vraiment, toi, qui était-là, et pourquoi
Pourquoi as-t-on retenté cette folie,
cette tricherie.
On parle du Dieu unique comme du démiurge, celui qui façonna
Mais dans votre univers, ils sont multiples ; tout autant de volontés que de choses qui existent sur terre
Dans cette complexité divine ; il semble impossible de vraiment jurer
De qui on se vengera, du ciel, du pourquoi
Alors pour prendre la place de celui qui fait,
celui qui crée,
tes semblables repentant se choisissent eux-mêmes
car il faut des mains et de la volonté
pour donner naissance à votre nouvelle lignée
Tu aurais put avoir un visage,
Nourrir une rage contre tes propres pairs
Mais tu as oublié
Hainee
tu as oublié chaque jour qui passait, et depuis le premier
Les visages, les mots, sont aussi filants que l’écume de ton corps
Qui suinte chaque jour en grelots friables
Et à chaque petites parcelle qui se décroche, infime mais sonore,
tu te sent échapper à toi-même
et dans l’immensité de ces terres que tu n’as jamais osé parcourir
parce que tes forces fuyantes, mais aussi peut-être, pas peur de l’avenir
dans ta solitude forcée, ou ta solitude choisie
dans les recoins coupables de ton être entêté
dans ces choses que tu ne veux pas penser,
parce qu’elles tomberont dans l’oubli
parce que tu boudes le papier, où tes doigts savants, savent pourtant tracer
des plans, des objets, que tu sembles créer comme pour te remplacer,
dans l’immensité de ces terres arides
tu as choisi dès ta dixième année
de t’en aller
Parce qu’il te semblait si évident, qu’ils étaient tous déçus
Il te semblait si évident, que tu ne leur causerait que du soucis
il était écrit sur ton visage, que tu n’étais pas humaine
tu n’avais aucun courage, et pas encore de hargne
Et il t’a bientôt semblé impossible d’assumer leur présence
Eux qui ne te demandaient rien, si ce n’est encore, d’excuser
leur tentative maudite, le fruit de leur pêché
Alors tu es partie, Hainee
tu as embarqué avec toi les outils qu’on t’avait confié
dans un dernier espoir, fou, et sans doute mal placé,
de voir naquir un jour, le fruit de vos efforts
une bénédiction de forge, de feu
Pour une Opale noire charbon
qui ne révèle sa beauté, qu’à la flamme d’une bougie un d’un brasier.
——
* Les fragments qui tombent d’Hainee le font quotidiennement, mais les effritement sont plus concentrés à l’endroit où se trouve sa gemme-source, dans son œil gauche. Comme cette dernière subit une étrange poussée continuelle (et dérangeante) due à sa bénédiction ratée ((malédiction)), la balance semble être en équilibre précaire mais durable. Pour autant les sensations sont là, désagréables, et l’oubli, continuel. Il va du petit détail, à la perte progressive de la mémoire d’une personne. Moins Hainee voit quelqu’un, plus il est probable qu’elle l’oubli totalement. Il semble que sa mémoire qui pâtisse le plus soit celle liée aux gens, dans tous les cas.
On ne peut pas parler de douleur à proprement parler, mais le ressentiment d’Hainee face à ce propre corps qui lui échappe (et qui lui semble ne jamais avoir été « sien » lui procure une torture mentale conséquente, qui la rends dingue. C’est par honte, ou pour palier à son instabilité émotionnelle, qu’elle s’est elle-même recluse depuis bien longtemps dans les terres arides de l’ancienne Monument Valley. C’est aussi pour la source de soleil non négligeable, quasi perpetuelle.
* Par précaution, sa bicoque a tout l’air d’un atelier de fabrication artisanale perdue au milieu du désert, comme il en existait avant la guerre. (elle l’ignore, elle a juste trouvé les fondations du lieu et bossé dessus depuis ses vingt ans).
On y trouve des tas d’objets improbables, qu’elle a sut monter mystérieusement. ((Hainee l’ignore, mais c’est sans doute le maigre présent d’Hephaïstos))
* À cause de son anomalie dut au rituel, elle est obligée de voyager de nuit pour s’approvisionner en pièces à l’Ouest. Il lui est impossible de masquer les cristaux qui poussent et se désagrège.
++ Elle a éventuellement un partenaire / quelqu’un qui vient lui déposer des pièces en l’échange de ses services
((Elle s’approvisionne au marché noir de l’Est pour la majorité, l’Ouest étant à privilégier pour les produits de meilleur facture ??))
* Possède des moyens de communications précaires mais existants, une vieille radio, fabrique des ustensiles pour se faciliter la communication avec Nemos
* Se sent particulièrement à l’aise avec le feu et la chaleur.
* Forte acuité à son œil droit pour compenser, étrangement, son œil gauche défaillant qui fonctionne davantage comme un infrarouge, compte tenu de sa sensibilité accrue puisque s’y trouve sa gemme fondatrice.
* Redoutable en opération de combat. Elle n’opère cependant que la nuit, car l’idée que des humains voient le cristal de son œil l’horrifie.
* Elle déteste tellement les humains (qu’elle a si peu croisé) qu’elle serait capable d’en tuer un sur le champ si il venait l’embêter. A contrario, elle fait profil bas en matière d’affaires, pour les rares fois où elle va elle-même chercher son dû au marché de l’Est ou de l’Ouest. ((Dans ces précis, elle se bande le visage, et ressemble à une estropiée. Ce qui n’est pas bien loin de la vérité)).
Comme elle reste intelligente de par sa nature, elle sait tout de même se contenir pour jauger la situation avant de s’empêtrer (bien que le simple fait que vous la regardiez avec vos yeux d’humains en plein jour pose problème). Quelqu’un (link link ??) lui a écrit dans un petit carnet les règles a respecter absolument pour sa survie. (sans doute quelqu’un de Nemos connaissant sa situation particulière et son caractère bien trempé).