je crois que j’aime qu’on m’aime quand ça arrive -- les regards ne sont plus les mêmes je l’ai chuchoté une fois à pâris il ne m’a rien dit
je crois beaucoup de choses, quelque part je crois que la pluie ne tombe pas vraiment, elle saute et les gouttes plongent comme pour nous embrasser peut-être que c’est le sol qu’elles cherchent, les plantes qu’on a caché sous le goudron peut-être qu’on les a séparé à tout jamais, que jamais elles ne se reverront (c’est une triste pensée, mais j’ai dû la graver contre les murs du théâtre)
je n’aurais pas dû sortir aujourd’hui, je le savais mais j’avais envie de sentir l’odeur de la terre mouillée
mes cheveux collent à ma nuque et c’est désagréable à cause de la pluie, mon manteau est sale j’ai beau compter les pas (soixante-quatre) il en manque toujours jusqu’à ce que je tombe sur toi
peut-être que je suis une goutte de pluie et toi la plante cachée sous le goudron, je crois qu’on peut aussi dire l’asphalte j’aimerais t’atteindre, j’ai besoin de revoir la lumière dans tes yeux hector a le regard si dur, j’ai peur qu’il me coupe et toi tu étais si tendre, j’avais peur de te couper de te briser, comme du cristal -- comme ces gemmes dont on parle (les papillons que j’avais dans le ventre se sont transformés en verre pilé)
“paradis”, je murmure “c’est un drôle de nom”, j’ajoute la gorge un peu nouée, comme si leurs doigts s’y étaient accrochés “pourquoi tu t’appelles paradis?”, je demande j’ai envie de noter dans un carnet chaque syllabe prononcée peut-être qu’alors elles auront l’air de sortir de ma bouche parce que ce soir, j’ai l’impression qu’on me la vole (pâris veut sortir, mais j’ai peur peur de ce que hector pourrait lui faire)
“tu veux voir pâris, c’est ça?” il dort, je chuchote c’est un demi-mensonge -- il n’est pas réveillé, mais il ne dort pas non plus il gratte à la porte, geint de revoir son frère mais je sais, je sais que ce désir est feint vous le feriez souffrir, comme tu me fais souffrir à l’instant
alors je m’assois et je souris, de ces sourires qu’on veut rendre polis “qu’est-ce que tu fais sous la pluie, paradis?” les gouttes plongent et j’en dévore quelques-unes (je crois qu’on me dévore aussi)
fortiem -- c'est celle qui veille sur l'ouest depuis trois ans
particularités :
bénie (aphrodite)
réincarnation (pâris)
don (lovesick) -- d'un coup d'oeil elle attise les flammes, d'un contact elle agite les plus belles passions. on l'aime une journée -- on l'oublie celle d'après.
peut-être que tu aimes vivre dans une caravane parce que ça te donne la sensation de toujours pouvoir fuir. ce n'est pas faux : tu pourrais partir demain, et tout effacer, et te forcer à oublier sans qu'on ne puisse te traquer. mais voilà : tout le temps se déplacer, ça veut aussi dire risquer de rencontrer ces choses que tu veux éviter. tu n'aimes pas l'ouest. c'est trop bruyant pour toi. trop chaotique. et pourtant, tu sais que c'est dans ces endroits qu'on obtient les meilleurs ragots, les meilleures rumeurs, les meilleurs prix et les plus mauvaises âmes, alors tu t'enfonces dans la foule bruyante comme un innocent dont tu n'as que l'apparence, à la surface de ton fond de teint et de tes jolis yeux céruléens. la pluie t'a fait sortie ta veste. peut-être était-ce un signe avant-coureur. un dieu qui te disait protège-toi. une prophétie de mauvaise augure. et tu avances. tu n'as pas le temps pour mes pensées, moi enfermé au fond d'un cervelet, mien dans d'autres destins dont je ne verrais jamais la fin -ni les péripéties, juste quelques cénesthésies. et pourtant, ah, qui l'aurait cru ! une vision d'un autre monde (d'outre-tombe), des cheveux blonds (immondes), une âme en perdition (aiguillon vermillon, félon qui attend notre échine, sale assassine). scylla d'un ton si froid que j'en ai des frissons à l'intérieur de son nom je te ne cherchais pas d'une vérité chantée pleine de bonté, monstruosité d'honnêteté je ne te veux pas d'un regard coupant si envoûtant et dégoûtant tais-toi d'une méprisance sans nuisance je ne suis pas là pour toi. et pourtant tu ne dis pas boucle-la ferme-la dégage de là achève-moi et brûles-toi pour qu'on finisse ces demi-joies, ces demi-toi, ces demi-désarrois tu la pousses, et moi je vois sans même vraiment y croire, et j'ai envie de dire c'est un cauchemar parce que je refuse de ce désespoir, ce promontoire d'où tu agites ta gloire comme preuve de ces épreuves qui ont fait une veuve la pluie coule comme un fleuve jusqu'au coin de ce microviseur, chemin direct vers mon cœur
Ven 5 Oct - 16:08
habitation :
nomade
affiliation :
(officiellement) sans affiliation - illusionniste au nomads' land circus
(officieusement) ordre - espion itinérant, rapporteur de ce qu'il se passe aux quatre coins des terres
particularités :
(bénédiction) vision d'éden - fait oublier tout ce qu'il y a autour, concentre votre attention sur des petits détails des choses qui deviennent d'un coup si fascinantes que vous n'avez plus que des étoiles dans les yeux.
(réincarnation) hector - c'est apollon qui l'a fait revenir, comme s'il n'en avait pas eu assez comme s'il voulait en finir : hector, lui, est trop fatigué pour tout fuir. the bravest of the brave retourné sur terre, solitaire qui ne veut plus entendre aucun mystère dans cette existence funéraire, cinéraire.
“scylla” c’est froid, mais ça ne me dérange pas - quelque part, ça me va on ne dit pas scylla sans sourire, le i tire sur les lèvres et force la joie ; pourtant c’est sur une grimace qu’il s’achève, un a mortifère qui remet gentiment les pieds sur terre j’ai le coeur en miette, les pensées déchaussées et tu me rappelles trop, beaucoup trop le passé
peut-être que je devrais dire “les passés” - celui d’aricie mais surtout celui de pâris, car sous l’opal de ta tignasse c’est un autre qui règne comment tu te sens, noah, quand tu vois les autres? est-ce que tu as envie, parfois, de dire bonjour? moi, j’en ai envie. “noah me manque.” j’entends presque le point dans ma propre phrase, finalité qui n’attend ni réponse ni satisfaction c’est un fait, c’est achevé
“je ne te cherchais pas” “je n’ai pas dit le contraire” j’ai un rictus sur les lippes - je dois être laide, sous la pluie “je ne suis pas là pour toi” “pour quoi, alors?” je réagis juste assez vite pour avoir l’impression de jouer, ping, pong la balle finit toujours dans ton camp mais je crois que tu n’as pas envie de jouer - tu me pousses et il en faut si peu pour que je tombe, pâris rit chuchote qu’il aurait retenu mon corps, lui j’ai faim, je pense assez fort pour couvrir ses moqueries
“qu’est-ce que tu es, exactement?” tu n’es plus un prince ; je me relève et me sens plus grande, comme si j’allais avaler le monde entier “tu n’es plus rien, pas plus que moi” alors laisse-le, rends-le moi - et d’un coup je pense, il n’a jamais été mien, pourquoi le voudrais-je? “et tu ne seras jamais plus que ça” sourire amer, les joues salées comme la mer ; je pensais que c’était l‘eau du ciel, mais c’est peut-être plus que ça. “tu n’as pas répondu, paradis. qu’est-ce que tu fais sous la pluie?”
fortiem -- c'est celle qui veille sur l'ouest depuis trois ans
particularités :
bénie (aphrodite)
réincarnation (pâris)
don (lovesick) -- d'un coup d'oeil elle attise les flammes, d'un contact elle agite les plus belles passions. on l'aime une journée -- on l'oublie celle d'après.
tu as envie de pleurer. ça t'arrive rarement, hector. je veux dire, je me souviens de chacun de ces moments dans cette vie. c'était rarement à cause de tristesse. et là -tu vois, c'est un peu entre deux. tu rages de cette impuissance, face au destin qui t'as mis sur le chemin de ton si cher frère juste pour que tu te rendes compte qu'il y aura toujours une fine paroi de verre entre vous. que tu ne l'atteindra jamais. qu'il reste coincé dans une bouteille jetée à la mer, récupérée au hasard par un étranger. tu la regardes, l'imposteure. tu as envie de l'étrangler. c'est une manière comme une autre pour faire disparaître les larmes, que de les enfoncer au fond de sa gorge quand elle suffoquera. oh, pas de soucis à se faire, noah est en pleine forme. avec une imagination très active. ah. parfois je doute que tu m'entendes, mais en réalité c'est une question stupide. tu es bien trop malin pour juste m'ignorer. m'espionner, c'est plus intelligent. m'enfermer dans une combinaison de plomb est beaucoup plus sûr qu'une pièce aveugle. je veux dire : même si je vois tout, à quoi bon ? ce n'est pas comme si je pouvais en faire quoi que ce soit. elle est par terre. si fragile. c'est une chose qu'ils ont en commun, non ? parfois tu es en colère pour ça. tu sais que ça ne fait pas de lui moins d'un Homme. c'est plutôt cette peur horrible qu'il ne puisse jamais survivre sans toi. ce besoin de protéger, ce fardeau de responsabilité, cette illusion d'utilité. vraiment, qui a dit qu'il avait besoin de toi ? vraiment, est-ce que tu ne penses pas que ce soit l'inverse ? j'ai vécu plus que tu ne vivra jamais. je suis un esprit immortel. je crois que la supériorité n'est pas à prouver. tu la regardes d'un air impérieux, comme toi seul sait le faire, enveloppé dans ton grand manteau noir -tes yeux clairs, ta peau pâle, tes cheveux de neige. un faucheur perdu sur terre. souviens-t-en quand tu mourra. ah, la vraie fin. n'est-ce pas triste, à un moment, de ne jamais savoir pourquoi on fait les choses ? les hommes vivent parce qu'ils meurent. mais toi, hector ? noah, lui, il y pensera. je crois qu'au fond, tu m'aimes bien. peut-être que dans d'autres circonstances, on aurait pu être amis. dans tous les cas, ce que je fais ici ne te regarde pas. tu a la stature solide malgré ton corps fluet oh ça donne l'illusion que tu peux déplacer des montagnes et -ah, tu peux bien faire semblant. parfois c'est vrai. pas toi. ah, et lui, peut-être que tu aurais eu envie de lui dire. peut-être.
Dim 2 Déc - 8:29
habitation :
nomade
affiliation :
(officiellement) sans affiliation - illusionniste au nomads' land circus
(officieusement) ordre - espion itinérant, rapporteur de ce qu'il se passe aux quatre coins des terres
particularités :
(bénédiction) vision d'éden - fait oublier tout ce qu'il y a autour, concentre votre attention sur des petits détails des choses qui deviennent d'un coup si fascinantes que vous n'avez plus que des étoiles dans les yeux.
(réincarnation) hector - c'est apollon qui l'a fait revenir, comme s'il n'en avait pas eu assez comme s'il voulait en finir : hector, lui, est trop fatigué pour tout fuir. the bravest of the brave retourné sur terre, solitaire qui ne veut plus entendre aucun mystère dans cette existence funéraire, cinéraire.