| un démon qui vous dévore le coeur La barbarie obstrue ses sens et comprime sa poitrine – les hantises apatrides congestionnent sa trachée et des cris muets s’en extirpent difficilement ; ou peut-être est-ce la brume des bois calcinés qui s’enfonce dans ses absences de poumons, sans qu’elle ne sente le contact aride des langues écarlates sur ses pierres rougeoyantes. Ses abois se noient dans le crépitement vermeil des braises, la fiévreuse brûlure finissant d'étioler leurs protestations fielleuses.
Et quand l’obscurité vipérine de ses propres songes laisse enfin place à la lumière diurne du jour naissant, c’est hérissée d’une détermination nouvelle que la gemme s’éveille. Les repentirs hargneux s’éprouvent à congestionner sa gorge fluette, la mort-née érodant ses ongles contre la surface dure des saphirs de trop – les cauchemars hallucinatoires exacerbent les kystes cramoisis et revolver, sur son cheval de fer, s’engage avec véhémence sur l’asphalte de ses évanescences.
La route est submergée de ses passions insatiables et le goudron semble se dérober sous ses talons lorsqu’elle y pose un pied pareil au sabre de damoclès ; en émissaire des hostilités elle démoli la porte du bistrot de ses serres tranchantes, le bois délabré gémissant sous leur étreinte. Mâchoires claquantes d’un flot d’appréhension mortifère, le saphir qu’elle extirpe d’entre ses crocs évoquant le chatoiement garance d’une perle d’hémoglobine cristallisé.
Il suffit d’un regard – il suffit d’un coup d’œil pour que les pierres gainant son poitrail s’agitent, pour que tout le long de sa dépouille rougeâtre afflue l’aridité froide d’un frisson séculaire. Un éphémère instant elle songe à faire demi-tour, à capituler face au joug cruel d’affres douloureusement humaines ; la culpabilité seule pousse son sabot à fendre l’air, l’immortelle s’engouffrant à corps perdu dans une bataille dont elle ne sortira guère indemne.
« Ezéchiel. »
C’est un soupir à peine audible, le souffle s’échappant d’entre des lèvres craquelées de rougeoiements acharnés. Revolver impétueuse s’engage dans l’obsidienne de ton regard, le sien fléchissant dès lors qu’elle y lit toutes les horreurs jusque-là niées. Elle qui s’était éprouvée héroïque d’avancer, réinventée valkyrie au contact gourd de sa bécane canonique, sent la vulnérabilité ruisseler sur son derme pâle. C’est qu’elle n’avait pu y croire, en un sens ; qu’elle s’était convaincue que tu n’existais que dans les souvenirs disparates d’une rescapée traumatisée par des années de séquestration.
« Un feu follet, s’il te plaît. »
Les serres s’agrippent au bois du comptoir, dans une tentative désespérée de conserver un brin de calme – l’ironie peint sur ses traits un sourire amarescent, et l’enhardie s’amuse de ses propres taquineries. L’attente est raide sur la corde qui l’empêche de s’effondrer ; et peut-être qu’il ne lui reste qu’une inspiration avant que le câble ne cède, qu’elle joue elle-même avec le feu après avoir échoué à s’y brûler. Ven 17 Aoû - 19:15 | | | |
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