sur la table du salon, une note s’éprend des pavés. de la fenêtre, elle laisse entendre sa chute – coulante comme une caresse. s’évanouit sous les pas, le doux decrescendo du comédien. un soupir tambourine contre les murs, cherchant sa portée. sur les pavés, une note attend la réplique.
quelque part au milieu d’une grande place, adagio lui répond, cordes chantées au courant de la marée. {dolce} il anime le bois depuis la montée du jour. il a cet air qui se farde d’amour. ce sourire qui s’enjolive par les regards. adagio, violon des rues, salue un jeune homme à coup d’archet. lento per il mio amore, tendre idylle achevée par ton nom, que tu signes.
pars, pars loin. ton allure fanée parmi les étals, car l’heure des réverbères n’est pas encore arrivée. l’heure d’éclairer les chemins. le musicien s’accroche à ces lettres, cette griffe incertaine, dont il vient d’oublier le visage. tu avais les traits d’un adonis, adagio ose l’imaginer. puis le falotier – comme une blague à soi – exprime un rire ironique, un rire si léger.
d’une main précieuse, déposer son trésor au creux de l’étui. à genoux, son regard happé par quelques partitions, cléanthe reste consterné. fasciné. il y a un nom qui s’étire, réitéré par trois fois à travers les portées.
quatre lettres pour quatre tempo, une mesure qui lui plaît.
adagio redresse sur le chevalet l’un de ces morceaux.
{arco} peut-être qu’à l’harmonie, le musicien saura reconnaître ce visage, dans lequel se sont plongées ses absences. pour un temps, là où s’est égaré sa présence.
midi passé, sous les accords, il accompagne les rencontres.
au son familier de la cadence, un séducteur d’esprit espère retrouver une ancre.
de celles que le temps ne peut éroder.