ô romero
l’œil de l’est s'appelle dante.suki romero, de son vrai nom, possède un petit bistrot au détour d’une ruelle de caetus.
originaire de l’est, née
femme, il paraît qu'elle serait perdue dans sa
vingtaine.
bénie par
zeus, il lui offrit la
métamorphose (μεταμόρφωσις). ô dante—elle-même serait parfois incapable de reconnaître son visage parmi les milles qui lui siéent. et dante usurpe. et dante crée. qu'importe les âges et les sexes,
toute apparence est sienne.
l’est et dante sont intimes ; peu connaissent les recoins du pôle aussi bien que son œil. en soit, l’ordre n’aurait pu trouver meilleur candidat que la femme et ses
huit années de bons et loyaux services.
● ● ●votre avis sur l'ordre : la gouvernance actuelle des terres vous convient ?ses sentiments sont complexes à l’égard de l’ordre—à cause de son étroite relation avec eskeia—mais celui-ci lui aspire une once de confiance. leur méthodologie n’a rien d’idyllique ou de parfait, un million de défauts peuvent être retenus à son encontre, pourtant seul l’ordre jamais ne blessa dante.
avez vous connaissance des autres affiliations ? que pensez vous de celles-ci ?les autres affiliations sont de vieilles relations empoisonnées ; l’hybride leur voue tous une haine abyssale et chérit le songe de les voir tous annihilés—
surtout anké.que pensez vous des différentes races présentes sur les Terres ? vos relations sont-elles bonnes ?romero se fiche des différentes races. l'important, c'est le camp choisit.
que pensez vous des dieux ?les dieux font bon comme ils leur semblent tandis que ceux sur terre sont voués à souffrir. suki ne les comprend pas—ni ne cherche à le faire—elle les craint tout simplement.
● ● ●femme de caractère + aime l’est plus que tout au monde + tranchante + désillusionnée + manipulatrice + aime son café comme ses amours : corsé + dure à cuire + faussement empathique + doit faire semblant d’être gentille et ça lui donne la gerbe + c’est la société qui l’a définitivement abimée
● ● ●alpha
fille de fermiers, ces gambettes d’enfant inépuisées battent les champs récoltés. à peine les tiges coupées effleurent la plante de mes pieds qu’ils bondissent comme des ressorts pour suivre la cadence du canidé. son corps finit par être emprisonné par mes petits bras, il tape avec joie la terre de sa plume. blottie contre son pelage, mon bon chien me protège.
jusqu'à ce que la voix de mon père perce et qu’il relève ses oreilles avant de s’élancer en sa direction. mon corps fait de même avant de se tétaniser net à la lisière du chemin, au beau milieu de maïs. ils sont encore là, servis de ce qui ne leur appartient pas. ils viennent de jour tout comme de nuit, se plaisant à faire de cette ferme la cible de leur méchanceté. cette action est pour le bien d’anké, pour que nous puissions être sauvés des chaînes l’ordre, disent-ils. mais ils pillent sans donner en retour, sans se soucier que ces denrées sont l’unique ticket de notre survie.
ils repartent et mon père s’écroule sur les escaliers du portique.
un
il est impossible de mater l’est—l’est appartient à l’est. loin des servitudes, ses habitants n’iront prier les dieux que pour des récoltes et des pèches fructueuses. les étincelles de caetus sont oxygène—d’où la personnalité explosive des natifs—et bagarres sont des duels d’honneur, délits reflètent l’état d’urgence qui sévit. au pôle laissé à lui-même, sa progéniture l’empêche de décrépir à contrario d’enfants d’autres cardinaux venus par attirance des gains illégaux.
anké en fit partie.
anké vint empoisonné l’est en s’appropriant un territoire ne leur appartenant pas, en privant les démunis de leurs maigres biens, en tentant d’instaurer leur légitimité par la terreur.
mais l’est appartient à l’est et quiconque le lésant s’attire sa fureur. et ses fils exploitant sa terre se révoltèrent. mais que d’impuissants hinos—dont les enfants bénis furent donné au nord dans l’espoir d’une meilleure vie—peuvent protéger face à anké ?
rien, si ce n’est l’indomptable esprit de l’est au prix de leur vie.
le seul héritage que put m’offrir le cadavre de mes parents.
deux
il paraît que le premier saignement d’une enfant en fait une femme—le mien me fît hybride. la silhouette se tordant de douleur, inhumaine en constante mutation, une perte de contrôle totale. et blanc. des perles salées ramenèrent le conscient à la surface. des torrents suivaient le cours des sillons de mon grand-père. les arcades courbées, cette familière expression imprimée sur son visage par la perte de ses enfants. les cajoles rassurantes de ma grand-mère, jurant de ne pas m’envoyer là-bas.
là-bas où siège l’immense tour de la patrie. un pôle qui donna, à une époque, des espoirs à ces pauvres pécheurs de l’est lorsque leur second enfant s’avéra être yvridio. confié au nord par l’assurance que, là-bas, une vie meilleure s’offre. que nenni. jamais l’oncle mirage ne revint d’eskeia. voilà trois décennies qu’une part d’eux se déchire dans cette attente vaine.
et l’art de la déception sera une seconde nature. celle d’une enfant fragile qui, lors de rares sorties, soulevait l’attendrissement dans chaque cœur. dont mon rétablissement à l’équinoxe de sa préadolescence devint bénédiction de l’est et charité de iaso.
et jamais, ô jamais n’ôter le voile devant qui que ce soit.
coût que coût, être hinos.
trois
main tendue vers hélios, l’éclipse formée par ma chair en dévoile ses veines. au rythme des rouleaux marins gentiment oscille la volonté de mes paupières à rester ouvertes, le parfum salé immerge mes sens dans de délicieuses profondeurs tandis que l’astre dépose contre ma chair une soie imperceptible. aux charmes d’un éveil calme, mon enveloppe cède.
un ricochet de syllabes me parvint. par le biais de mon nom, ma grand-mère m’extirpe de cette délicieuse torpeur. pourtant protégée par le flanc de mon canot, loin du bateau de pèche, rien n’échappe aux filets de sa vue.
sur le rebord de la barque, la naissance des paumes massent ma vue déboussolée. quelques instants filent. mes canaux inspirent l’air tout en rejetant ma tête en arrière, d’un coup le dos s’éjecte et la collision avec les eaux superficielles régénère ma lucidité.
mon enclume s’enfonce dans le grand bleu.
mon esprit se libère.
ma mer à mes côtés, j’existe.
quatre
un sillon carmin se forme. il déborde sur la lèvre—mais une phalange vint bloquer ma narine. des mois et des mois que j’ai abandonné ce corps, à quoi bon l’avoir s’il n’y a désormais plus personne pour le reconnaître ? moros et thanatos firent ma famille leurs. et suki, elle aussi, mourra.
suki. suki. suki.
combien je hais suki.
suki pleure.
suki chiale.
suki sanglote.
suki n’est pas forte.
suki saigne de faiblesses.
suki veut pardonner.
suki, je déteste suki.
je ne veux pas être suki.
pas cette suki.fragile suki, son visage me donne des hauts le cœur.
invisible aux autres—sa gueule pleine d’ecchymoses, tout recoin de chair assaillit de plaies—j’aimerais péter le miroir.
mais le miroir ne fait que renvoyer ce que je suis à l’intérieur.
personne n’aime suki.
personne ne veut de suki.
personne n’a besoin de suki.
même pas moi-même, suki.le monde existe pour faire souffrir suki.
alors naquit dante.
comme ça, dante existe pour faire souffrir le monde.
cinq1
dans les dédales de caetus, les pas en quête de disperser cette solitude mènent au midnight express. à la fenêtre donnant sur la minuscule cuisine, des familiers en urgence exclament leur commande. surchargé, le petit bar déborde de vie. seuls les indigènes du pôle connaissent son chemin—les autres n’y arrivent que par le hasard des choses.
au midnight express—de temps en temps—les adversaires de l’ordre le côtoient. et, souvent, les pourritures d’anké y lèchent leurs plaies. ils me considèrent comme une bienfaitrice, captive de l’ordre. et tous promettent de me libérer—tandis que moi, dans l’ombre, je les dénonce.
car mon seul bonheur est leur tourment.
je suis l'œil de l'est.
mon vrai nom serait suki romero—mais j'ai oublié qui elle est—fille de fermiers oubliée même par les meurtriers de mes parents. parfois, y a des émotions douces dans mon cœur—mais j'ai oublié comment les ressentir. et ça me donne envie de pleurer—mais même ça, je ne sais plus le faire.
cinq2
tout l’est finit par prétendre avoir rencontré dante.
mais les descriptions de chacun s’opposaient—une décennie transforma dante en mythe de l’est. insaisissable. tempétueux. antihéros. des on-dit chimériques venus de venelles jabotent que l’est s’est personnifié sous dante—et qu’il vient purifier la vermine qui le piétine. d’autres ragotent qu’un groupuscule de natifs revendiquant la justice se forma sous le nom dante. les fillettes secourues de mains perverses. les dépuilles de truands. les harceleurs harcélés. maris violents et mères ingrates punis. gains illégaux volés.
gardien et bourreau.
craint et adulé.
dante.
mais dante, ce n’est que moi.
fille de fermiers meurtrie aux milles visages en quête d’une obsolète vengeance. une revanche pour un salut de l’âme auquel je ne crois plus. un être fait de haine et de tristesse—chérissant l’idée de s’administrer son propre trépas plutôt qu’un adversaire le fasse. dante à qui, même si vous arrachiez les membres. puis le buste. avancerait sa tête décapitée avec son menton. flingue entre les gencives.
omega
tout le monde veut un héros.
dans chacun de vos camps, vous en avez besoin.
pourquoi—parce que vous êtes tous des petites brêles pleurnichardes.
incapables de cogiter seuls.
ou même d’agir par vous-mêmes ; vous préférez vous faire dévorer par vos systèmes.
vous pensez faire bien.
vous pensez faire juste.
ouais, vous dites tous ça—c’est marrant de jouer à la guerre, hein. vos mains ne sont pas sales si vous avez éliminé un ennemi, hein. droguer des gamins c’est pas grave si ça finance vos croisades, hein. la fin justifie les moyens, hein.
je vous hais tellement.
je vous hais tellement.
je vous hais tellement.
je vous hais tellement.
vivement que vous creviez tous.
● ● ●ici fendi avec un
décès dc. pro-tip : oubliez pas de mettre de la crème solaire sur vos pieds lorsque vous mettez des sandales.
jonas lindstroem