Titre en berne, comme la cervelle.

identité Sahara suffit.
âge probablement six cent ans.
genre masculin, d'aussi loin que ses souvenirs remontent.
occupation enregistré à l'ordre chez exire, il n'occupe pas de métier fixe, se contente d'apporter son aide à qui en a besoin, le plus souvent pour explorer le sud, même s'il peut partir ailleurs, car il voyage beaucoup.
orientation souvent tourné vers le sud, oui.
origines il est né dans l'ancien monde, et comme il s'appelle Sahara, beaucoup de gens estiment que le désert est son lieu d'origine.
lieu d'habitation il trouve la paix dans le sud désertique et sa végétation abondante, mais ce n'est pas l'idéal non plus. à défaut de mieux, il s'est fait une petite cabane dans la forêt.

votre avis sur l'Ordre parfaitement et honnêtement satisfait, il n'a pas grand chose à en redire, il considère l'Ordre comme le symbole des relations apaisées entre les différentes races, et même s'il n'est pas parfait, ce qu'il a accompli est honorable.
avez vous connaissance des autres affiliations ? que pensez vous de celles-ci ? nemos a tenté de le recruter, il a refusé parce qu'il ne partage pas leurs idées, mais il n'irait jamais les dénoncer, par solidarité entre gemmes. il connaît moins les autres affiliations, et dans tous les cas les juge toutes trop extrêmes pour servir au bien commun.
que pensez vous des différentes races présentes sur les Terres ? vos relations sont-elles bonnes ? il n'entretient aucune animosité envers les autres races : il considère qu'elles étaient présentes sur Terre avant la sienne, Yvridio compris, et que leurs réactions sont compréhensibles, à défaut d'être tout à fait légitimes. il serait cependant prêt à leur refaire la guerre si la situation l'exigeait. il a quelques difficultés avec certains kosmo, en raison de leur vision de la nature qui lui semble trop extrême - pour Sahara, le monde actuel manque cruellement de déserts, mais cela, ses compatriotes semblent avoir du mal à le comprendre...
que pensez vous des Dieux ? il ne croit pas vraiment en eux, du moins pas sous la forme qu'on leur prête unanimement. sans être monothéiste, il croit plutôt qu'il est né d'un principe créateur qui est difficile à percevoir et à concevoir.

gemme gypse lenticulaire.
perte de fragments fragile, il en a déjà perdu une grande partie.

D'année en année, ses souvenirs se déchiraient comme une toile trop usée, et il avait perdu depuis longtemps le goût de les chercher. Peut-être avait-il eu, dans sa prime jeunesse, la tendance un peu nostalgique à ressasser le passé, à combler d'imagination les vides de sa mémoire, dans l'espoir un peu futile de ne pas perdre complètement le fil de son identité, qu'il sentait s'affiner de jour en jour. C'est dans cette fragilité que Sahara avait fini par se tailler sa personnalité : le manque et l'absence le caractérisaient bien davantage que ce qu'il n'avait pas encore perdu, car c'étaient les seules choses dont il ne pouvait être dépossédé. Il n'avait que le présent en assurance : l'avenir conservait pour lui comme pour les autres son caractère incertain, et puisque le passé se dérobait à lui, il n'avait d'autre choix que de se reposer sur ce qui lui était immédiatement accessible.
Il s'en sortait plutôt bien. Sahara ne s'était jamais demandé s'il était heureux ou malheureux de la situation dans laquelle il se trouvait : ces notions lui paraissaient trop abstraites, artificielles, construites pour des esprits plus stables que le sien, pour répondre à un besoin de résumer en un mot, fût-il mauvais, tout ce qu'ils pouvaient ressentir. Son véritable ennemi se nommait hésitation, incertitude : tant qu'il avait eu des doutes sur son identité, l'inquiétude n'avait cessé de le tarauder, mais depuis qu'il avait passé outre, il se sentait plutôt en paix. Pas tout à fait à l'aise pour autant, mais il s'en sortait.
Sahara regorgeait de bonnes intentions, quitte, parfois, à reprendre à son compte des idées reçues auxquelles il ne croyait qu'à moitié. Modération est mère de toutes les vertus, il en était persuadé, et il tenait en haute estime les voies moyennes, les compromis, les concessions. Il exposait avec certitude ces idées lorsque quelqu'un se piquait de l'interroger, car de lui-même, Sahara n'aurait probablement pas pris la peine d'exposer ses opinions. Mais ce principe cher à son cœur ne trouvait pourtant qu'un faible écho dans le comportement de la gemme. Par fatigue, ou bien par lassitude, Sahara ne s'embarrassait souvent pas de retenue, laissait couler ses sentiments et émotions avec la violence dévastatrice des pluies de mangues s'abattant sur le désert infertile. Il en regardait ensuite les ravages avec une tendresse teintée d'indifférence.
Son cœur et sa raison s'accrochaient. S'il attaquait la guerre pour ses effets destructeurs, parce qu'elle volait des vies, lorsqu'elle ne les abîmait, une partie de lui ressentait malgré tout pour elle une vive attraction. S'il n'était pas né pour la guerre, Sahara y avait trouvé son compte, et il cherchait inconsciemment à renouer avec elle, désireux de se plonger dans ces troubles comme dans un cocon maternel. Il était pourtant des plus fragiles, il était de ceux qui avaient le plus perdu, mais peut-être trouvait-il un certain réconfort dans la perspective de son annihilation, à moins qu'il ne s'agît de l'idée de surmonter sa propre mort qui l'enchantait. Deux interprétations radicalement différentes, et Sahara ne savait pas dans quelle catégorie il se rangeait.
Incomplet dans son être, mais complet dans son âme, Sahara ne désirait plus grand chose, mais lorsqu'il le voulait, il en oubliait toute retenue. Il n'était pas de ceux qui dissimulent : abolissant en permanence la distance entre lui-même et le monde, il s'offrait tout entier, sans se censurer, dans ses bons comme dans ses mauvais côtés. Suivre ce que sa raison lui soufflait ne faisait pas partie de ses habitudes : Sahara écoutait bien sa conscience, il lui trouvait même beaucoup de bon sens, mais à l'action, il en oubliait tous ses principes. Il ne prenait pas la peine d'être poli lorsque la situation l'aurait recommandé : il froissait les ego, brisait les estimes, ignorait les ressentiments que son comportement éveillait chez autrui. Ces blessures que Sahara infligeait n'étaient pas volontaires ; à vrai dire, ça l'affligeait un peu, d'être aussi peu soucieux des autres, mais il se laissait toujours emporter par son caractère et ne savait pas comment arrêter. Il était brutal dans son comportement, et il s'en excusait à peine, parce qu'il pensait qu'il avait largement passé l'âge de se conduire prudemment - tout en ayant conscience que ce qu'il faisait était mal et qu'il aurait dû mieux se contrôler.
Peut-être l'excuserait-t-on, puisque Sahara n'était pas davantage prudent envers lui-même. Il avait la peau dure, le cœur solide, et il ne s'effrayait pas d'exposer ses faiblesses à autrui. Il ne prenait pas la peine de dresser un écran de protection autour de lui : inutile, il voulait recevoir toutes les flèches que la vie pouvait lui lancer, et s'il en éprouvait de la douleur, c'était le signe qu'elles étaient bien méritées. Il écoutait ses quatre vérités d'un air blasé, vaguement tiraillé par l'envie de se réformer, et sachant pertinemment qu'il ne le ferait jamais ; il se vexait parfois, mais cela ne durait jamais. Il se laissait souvent tirer par le bout du nez, et s'il pressentait le danger, ce n'était jamais davantage qu'un présage qu'il se refusait à écouter. Il courrait probablement à sa perte, ce qui l'inquiétait, mais il savait que tant que sa pierre était en sécurité, il ne disparaîtrait vraiment jamais.
Son corps non plus ne faisait pas exception à la règle. Fréquemment, Sahara répandait de nouveaux fragments dans la nature, et puisqu'on pouvait le réparer, il ne trouvait pas inquiétant de s'éroder de la sorte. Il ne savait pas jusqu'à quel point il avait été déjà brisé, probablement beaucoup, et il y avait survécu. Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.
Et puis, Sahara avait besoin d'action, même s'il n'était jamais certain que son corps pût le suivre. Il lui fallait se dégourdir, sortir, partir, toujours plus loin, toujours pour longtemps, pour apprécier cette vie amère dont il commençait à se contenter. Il ne s'en doutait pas, mais il avait au fond de lui le sens du sacrifice : il aurait pu sauver quelqu'un, s'il se rendait compte que cette personne comptait vraiment pour lui. Probablement parce que la solitude le taraudait un peu : fréquenter les autres ne signifiait pas être amis, et le peu de personnes qui méritait ce titre se faisait trop rares dans sa vie, alors il se montrait parfois excessif avec eux, rongeant de ses reproches la relation fragile qu'il entretenait avec eux. Sahara avait besoin de plus que de personnes avec qui partager sa présence : il rêvait inconsciemment d'âmes sœurs, de camarades qui puissent le comprendre et pardonner ses erreurs, et d'inconnus qui lui offriraient, sans se laisser impressionner par son caractère, leur acceptation. Sahara avait toujours le goût de l'échec dans la bouche, il se savait raté, et il avait l'impression que chacune de ses défaites se lisait dans les yeux d'autrui, qui le tenait responsable de quelque chose, parce qu'ils ne semblaient pas assez proches de ses vues avec lui. Ce qui ne l'empêchait pas d'essayer, encore et encore, de rechercher chez les autres le petit signe de tête qui lui a toujours manqué.

209 cm - son tatouage cache les fragments réparés les plus bruts - persuadé qu'il a été envoyé sur Terre pour protéger l'écosystème fragile des déserts, et qu'il a échoué - s'adapte bien à la chaleur, et aux grandes amplitudes de température

il fait chaud en bas. tout flamboie, la pierre, le sable, le ciel, jusqu'à la couleur, qui se brûle elle aussi. est-ce l'extinction de tous les êtres qui entretient cette fournaise ? on se sent transpirer, même en étant fait de pierre. et pas le moindre signe de vie. à des kilomètres à la ronde, là où se porte le regard, l'immobilisme règne en maître, à peine troublé par des bourrasques de poussière, dont les fines particules viennent râper la peau épaisse de la gemme. et puis un cri, soudain, perce la membrane de silence épaisse comme l'air, et d'un seul coup, tout semble s'animer.

C'est chez lui, à présent, il n'en doute plus.
Dommage qu'il ait oublié comment y retourner.
Il chérissait ce dernier souvenir, autrefois. Il lui prêtait des mystères qui auraient pu tout expliquer. Pourquoi il était comme ça. Qui il avait été. Et pourquoi pas pourquoi la Terre s'était ainsi dégradée. Quelques sensations éparses jetées au vent brûlant suffisaient à aiguiser son imagination ; il y avait mordu comme un chien dans un bâton que son maître lui a lancé, mais sans y trouver la satisfaction de la destinée accomplie.
Il pourrait le perdre désormais, il ne s'en sentirait pas diminué. La maison n'existe plus.

Il aurait pu se passer de bien d'autres souvenirs aussi.
La tendresse d'une main de femme, les sourires au clair de lune, la pluie après une longue période de sécheresse, les étoffes moelleuses sur sa peau... toute cette douceur dont il n'a pas besoin, et qui pourtant continue à se coller à lui.
Comment voulez-vous avancer dans la vie quand vous avez recueilli de telles perles en vous ?
Les souvenirs durs sont pénibles, mais ils vous donnent une raison de vivre.
Jusqu'à ce qu'on puisse se séparer.

Les nuits sont froides dans le désert : on s’emmitoufle dans les caravanes de sel en attendant le retour d'une chaleur prédatrice.
Lorsque la pluie tombe, de fines touffes d'herbe se faufilent entre les rochers : elles aspirent, assoiffées les moindres gouttes d'eau, puis se mettent en sommeil en attendant des ans humides.
Les oasis asséchés par les forages offrent un répit de courte durée au voyageur qui s'arrête, fourbu, avant de reprendre sa route sur les rochers.
Tout cela doit disparaître, ne plus exister.

des fragments étrangers à sa peau se cachent sous la poudre qui sert à les masquer. si rugueux, si acérés, une main humaine s'y serait coupée si elle avait dû le réparer. la gêne, légère, est de plus longtemps disparue ; presque fondus dans son essence, sa propre main glisse dessus sans rencontrer la moindre résistance.
ce n'est pas si terrible de tout perdre, il pourrait recommencer.

en bref
- il a fait la guerre en tant que kosmo, et il s'est bien amusé, mais il a fini par se sentir menacé par ses compatriotes, et ça ne s'est pas très bien passé.
- cela fait un bon siècle au moins qu'il vit dans la forêt, mais il a perdu pas mal de fragments entre temps, et il ne les a pas forcément récupérés.
- il a vécu avec quelqu'un pendant un temps, peut-être la personne qui l'a réparée, il ne s'en souvient plus trop. si cette personne est en vie, il n'a aucune envie de la retrouver.
- il a un ennemi, un autre kosmo, qu'il a brisé, mais de cela, il n'en a conservé aucun souvenir.

feat. ookurikara
vous vous attendiez à une description irl, mais manque de peau, je sais pas faire, dommage pour vous. ^^^^^^