death's guide.

In your hesitation. I found my answer.

Bénédiction ou malédiction. Telle est la question qui s’empare de son cœur, de son corps, de son esprit, quelques secondes avant qu’ils ne lui soient tous enlevés, d’une main puissante, glaçante, terrifiante et sans merci. Un monstre qui s’empare de lui. Pour ne plus jamais le laisser aux commandes. Pour le laisser pourrir dans les fins fonds des méandres de son esprit. « Son » esprit ? Ou le sien ? Celui de l’autre ? Plus son âme vieillie, plus il peut voir à travers ses yeux. Plus il peut voir les horreurs que crée son don, sa soi-disant bénédiction, qui a amené avec elle, cette horreur, cette torture, ce monstre. Il ne comprend pas tout de suite, le pauvre hybride sans nom. Il ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. On l’a emmené dans cette terre aride, et forcé à accepter cette bénédiction, cette chose qu’il n’avait jamais demandé. Puis on l’a abandonné là. Sans aucune autre forme de procès. Le cauchemar n’était pas fini. Son corps, elle, se mit à la recherche de quelque chose, de quelqu’un, ou plusieurs personnes, le sans-nom ne saurait le dire. Mais elle cherche, constamment. Elle demande, fait parler les morts contre leurs grés. Elle oublie alors, tout, au fur et à mesure. Faisant oublier le sans-nom avec elle. De toute manière qu’a-t-il à oublier exactement ? Elle ne lui a jamais laissé le temps de s’imprégner de quoique ce soit, d’avoir la possibilité de se souvenir. Il n’est que pion, pièce vide dans laquelle elle vit. Les années passent, sans jamais laisser de traces dans son esprit, parce qu’il n’est jamais réellement présent.

Jusqu’au jour où elle faiblit. C’est mince. Une très fine faille dans l’armure. Mais c’est là. Il s’y infiltre, s’impose. Pour un court, si court laps de temps, mais si bon, ô tellement bon. Même la terre sèche et abandonnée semble être un paradis plus luxueux que n’importe quel Dieu pourrait lui offrir. Il s’imprègne au maximum de ces sensations. Qu’il avait oublié, complètement oublié, à cause d’elle. Il se souvient maintenant, qu’il avait eu, un moment, le contrôle, le pouvoir sur son corps. Pendant plusieurs années ; elle lui avait tout enlevé, son corps, son esprit et sa mémoire. Dans un acte de fureur incontrôlable, il se frappe, se saigne, se mords. Et quand elle reprend le pouvoir, il se délecte de sa souffrance, de sa colère.

Ce va et vient s’installe, se fait routine. Ses moments se font de plus en plus courts, ses moments à lui de plus en plus longs. Assez pour pouvoir se renommer. Haneul. Dans une réminiscence soudaine d’une partie de ses origines, du visage, de la langue d’un parent. Haneul à la signification inspirant l’espoir, amenant son envie de vivre, son regard porté toujours sur ces cieux immenses et accueillants. Haneul qui lui vint dans une compréhension soudaine de sa bénédiction. Haneul qui lui vient comme une ancre, comme une aide, une main tendue de Perséphone.

Puis, le contrôle, le pouvoir, s’amenuisant de plus en plus, l’oubli se faisant trop grand, la stabilité prend sa place. L’inversion des âmes se fait petit à petit. Haneul en viens presque à ressentir de la tristesse pour cette créature, cet ancien héros. Il lui fait alors la promesse de l’aider à se retrouver. Il trouve un moyen d’apprendre, de lui donner une forme, une vie, un regain de conscience, à cette folle créature, redescendue du ciel sans plus d’accroches. Il trouve un moyen de garder sa mémoire, de garder ses souvenirs. Il lui redonne son nom. Antigone. Très chère Antigone. Je me souviens.

Stable. Amicale. Il reprend une quête. Sa quête. De connaissance. De reconnaissance. De famille.